A la rencontre des éléphants de mer
A la rencontre des Eléphants de mer
Lieu : pointe Morne sur la côte nord-Est de Kerguelen
Voici le résumé de la « manip » éléphants de mer à laquelle j’ai participé fin octobre sur la pointe Morne. Les jeunes VCAT (Volontaires Coopérants à l’Aide Technique) ou jeunes employés des différents laboratoires de recherche tels que Chizé, le CNRS, l’IPEV ont des missions à réaliser tout au long de leur séjour dans les terres australes. Nory, que nous devions rejoindre, est employé par le laboratoire de Chizé afin de travailler sur le programme « éléphants de mer ».
Nous sommes partit à 08h00 de Port Aux Français (P.A.F) en ayant pris soin de se renseigner de la météo mais également des horaires des marées. En effet, l’itinéraire reliant P.A.F à la pointe Morne nous oblige à traverser trois rivières qui débouchent dans le Golfe du Morbihan. 03h30 de marche plus tard, en ayant traversé des lacs, des plaines d’asséna (une des plantes locales), des plaines de cailloux, des plaines tourbeuses et marécageuses, nous sommes arrivés à la cabane de la pointe Morne afin de prendre le relais de l’équipe en place composée de Pierre « météo » et de Jean-Marc « infra ». Cette manip qui dure un mois et demi demande une organisation minutieuse en logistique et personnel de la part de Nory. Le ravitaillement en vivre de la cabane avait été effectué en septembre grâce aux tracteurs de la base.
La cabane de Morne
Ce sont donc cinq jours de manip qui nous attendaient avec, au programme : capture et pesage de « bonbons » (bébés éléphants de mer), bagage de couples de grands Albatros en compagnie de Thibault l’ornithologue et pose de balise GPS sur les femelles éléphants de mer avant leur départ en mer. Pour ce faire j’étais accompagné de Fred « pimpon » l’homme sécurité de la base ainsi que de Micka « BCR » en charge des télécommunications du site.
Le premier exercice consistait à repérer, au sein des harems, les bonbons qui avaient été bagués à leur naissance le mois précédent et qui étaient sevrés. Une fois identifié, nous devions le sortir du groupe afin de le bloquer tel un placage « rugbymanesque » et de le maintenir au sol.
Capture de bébés éléphants
Puis Nory ou Thibault se plaçaient sur le train arrière de l’animal pour effectuer une prise de sang dans le sinus veineux. Ces prélèvements, stockés dans de minuscules tubes, permettront aux laboratoires de recherche de travailler sur les isotopes. Ils permettront d’obtenir différents renseignements tels que la localisation de leur zone de nourrissage et d’évaluer une éventuelle compétition avec les activités de pêcheries qui pourraient limiter leurs ressources alimentaires.
Prise de sang
Echantillons sanguins
Ce mammifère pinnipède pêche en apnée à de grandes profondeurs grâce à de remarquables adaptations physiologiques, notamment au niveau de la circulation sanguine, qui lui permettent de résister à la pression et d’optimiser ainsi sa consommation d’oxygène. Le record de plongée a été enregistré sur un mâle kerguelenien à 1850 m de fond !
L’opération suivante est la pesée. Elle consiste à rouler le « petit » (140kg max = en 25 jours !), sur un filetavant de le fixer à un trépied à l’aide d’un palan.
Notre moyenne se situait à 15 pesages / jour.
Après le sevrage, les femelles sont assaillis par Le Mâle du harem qui est appelé « Pacha ». Celui-ci peut posséder des dizaines de femelles qu’il se doit de défendre face aux assauts répétés des jeunes mâles « périphériques ». Ces jeunes mâles essayent régulièrement de déposséder le dominant de son titre de « Pacha » … la méthode ? = Le Combat ! A ce moment, l’impression d’assister à un acte d’une violence inouïe, qui n’est pas usurpé à la vue des nombreuses entailles sur leur cuir, nous laisse sans voix.
PACHA
Au terme d’une lutte titanesque, le seigneur des lieux aura perdu son harem, un œil et un morceau de trompe.Humilié, défiguré et célibataire, il rejoint piteusement l’océan rougissant de son sang. Il est rare qu’un pacha garde son trône bien longtemps tant il est éreintant de devoir ainsi se battre sans cesse pour son droit de cuissage !!!
La pose de balise GPS sur les femelles ayant terminé leur allaitement s’annonçait plus … sportive ! Elles perdent pratiquement la moitié de leur poids entre la mise bât, le sevrage et l’accouplement pour atteindre, en moyenne, quelques 200kg.
Nory devait rechercher une femelle correspondant aux critères suivants : sevrage du petit terminé, qu’elle soit à l’écart du harem, longiligne.
La deuxième partie consistait à « cagouler » l’animal à l’aide d’une capuche et de deux guides (cordes), la plaquer au sol ou tout au moins essayer. Deux personnes ont été nécéssaires pour ce placage.
Une fois cette opération effectuée, Nory se devait de l’anesthésier. En moins de 5mn, l’animal était décagoulé et amorphe ! Puis même manip que pour les bonbons pour le levage, le pesage et la prise de sang.
La balise GPS est collée sur le crâne de la femelle.
La balise GPS est collée sur le crâne de la femelle.
- Elle renseignera les chercheurs sur sa zone de prospection de pêche. Ils se sont aperçu que les femelles s’arrêtaient à la frontière de la banquise. Les mâles, quant à eux, s’aventurent loin sous la banquise pour se nourrir. Ils ne trouvent pas toujours de trous dans celle-ci afin de respirer ce qui explique le fort taux de mortalité pour ce sexe. Les océanologues et climatologues sont intéressés également par l’ensemble des données fournies par les différents capteurs présent sur la balise tels que la température, la salinité, la profondeur, la luminosité …
- Identification :
Arrivée et formation des harems : septembre à novembre
Naissances : 15 septembre à 15 octobre Kerguelen
Copulation : 3 semaines après mise bas. Lactation elle dure 4 semaines
Mue des jeunes: 4 semaines après la naissance
Mue des adultes : décembre à février. Départ : mars-avril
- Description:
C'est le plus grand Pinnipède au monde. Il existe une autre espèce d'éléphant de mer (Mirounga angustirostris), présente sur la côte pacifique nord-américaine.
Le dimorphisme sexuel est très marqué : le mâle adulte, affublé de narines en forme de trompe (d'où son nom), peut atteindre 6,5 m de long et peser plus de 3 tonnes, la femelle ne dépassant pas la moitié pour une tonne au maximum.
Son régime alimentaire exclusivement aquatique (poissons, céphalopodes) l'amène régulièrement à faire des apnées de plus de 30 minutes à de grandes profondeurs (dépassant souvent 1.000 m). Les records de plongée ont été relevés à près de 2 heures pour la durée et à plus de 1.800 m pour la profondeur. Il lui arrive même de se reposer en apnée en se laissant flotter entre deux eaux ! Il passe la majeure partie de son temps dans l'eau et revient sur terre pour le "farniente", la période de mue, l'accouplement et les soins aux jeunes. On le trouve souvent au milieu de colonies de manchots.
À partir de septembre, le mâle se dirige vers le lieu de reproduction afin de trouver une parcelle de plage et former un harem (qui peut compter jusqu'à 100 femelles), qu'il devra gagner lors de rudes batailles contre les autres mâles. Le mâle dominant est alors surnommé "pacha". Chaque année, la femelle arrive à terre pour mettre bas d'un jeune d'environ 30 kg (ils sont appelés "bonbons") qui sera sevré en 1 mois à 150 kg. Après cette brève période d'élevage, la femelle est fécondée par le mâle et retourne en mer durant 11 mois. La femelle reviendra alors à terre pour une nouvelle saison de reproduction.
Il fut chassé intensément au cours du 19e siècle et dans une moindre mesure jusqu'au milieu du 20e siècle. Menacé alors d'extinction, les effectifs se sont aujourd'hui en partie reconstitués autour de 650.000 individus, dont 150.000 environ dans les îles australes françaises.
Morphologie lourde, absence de cou, thorax large.
- Cet animal doit son nom à la présence d’une trompe qui constitue le nez chez le mâle et qui prend un développement de plus en plus marqué avec l’âge, jusqu’à atteindre une vingtaine de centimètres, elle se gonfle à l’expiration et atteint ses dimensions maximales lors de la période de copulation, elle aurait pour effet de donner plus de résonances aux cris émis par les mâles.
- Les femelles et les jeunes n’ont pas de trompe. Fortes canines.
Fourrure : pour l’adulte, pelage gris clair brunâtre foncé sur le dos, ventre clair. Pour le jeune, pelage épais et noir à la naissance, disparaît après la première mue, remplacée par un pelage gris-brunâtre.
- Prédateurs: lourd et difficile à terre, agiles et rapide en mer. Leurs principaux prédateurs sont l’orque et le léopard de mer, les combats entre pachas peuvent être mortels.
- STATUT :
Espèce entièrement protégée (Convention for the conservation of AntarcticSeals).
Ps : la partie « grand albatros » viendra dans un prochain article.