Kerguelen - mission 62

L'otarie de Kerguelen

L’otarie de Kerguelen

 

 

 

 

Avant-Propos :

 

Les otaries de Kerguelen se rassemblent l'été des îles allant de la Géorgie du Sud à 70°O aux Îles Kerguelen (80°E). En outre, il y a une zone de reproduction sur l'île Macquarie (165°E), au sud de la Nouvelle-Zélande. Toutes ces îles sont situées entre 45°S et 60°S. Les zones exactes où elles se rendent durant l'hiver ne sont pas connues. Elles passent très probablement les sombres mois d'hivers près de la glace de l'Antarctique, passant pratiquement tout leur temps en mer.

Les estimations actuelles de la population des otaries de Kerguelen restent assez grossières actuellement. On pense qu'entre deux et quatre millions d'individus se rassemblent l'été en Géorgie du Sud, constituant la colonie de mammifères marins la plus dense du monde. Environ 15'000 otaries se rassemblent également sur l'île Heard, et entre quelques centaines et un millier dans les autres aires de reproduction. Certains scientifiques pensent que la population d'otaries de Kerguelen a augmenté considérablement en raison de la disparition des baleines qui a accru la quantité de krill disponible pour les otaries.

Cette espèce est toujours protégée par les États dans les eaux desquels elle réside, l'Afrique du Sud et l'Australie, ainsi que par la Convention sur la protection des phoques de l'Antarctique entrée en vigueur en 1972. Elle figure également dans l'annexe 2 de la CITES. Toutefois, certains gouvernements, comme le Royaume-Uni, pensent que certaines de ces protections doivent être levées en raison des dommages que cause cette otarie à des plantes antarctiques vulnérables. (source Wikipedia)

 

 

Mais avant tout comment reconnait-on … une otarie ?

 

C’est assez simple ; sur l’archipel de Kerguelen deux espèces de mammifères marins (autrefois classés pinnipèdes) et voir le double si nous comptons les léopards de mer et les otaries d’Amsterdam qui nous rendent visite de temps à autre, cohabitent :

 

1. les phocidés :

 

-          Notre cher « éléphant de mer » avec sa trompe et ses rôts bien audibles (sous-famille des Monachinae /Mirounga de la tribu des Miroungini).

 

-          Ce drôle de léopard des mers à la mâchoire peu avenante, carrée et dotées de dents bien acérées (sous-famille des Monachinae / Hydrurga de la tribu des Lobodontini).

 

 

 

2. les otariidés :

 

-          Notre chère otarie de Kerguelen (sous-famille des Arctocephalinae / Gazella de la tribu des Arctocephalus).

 

-           Sa cousine d’Amsterdam (avec les fameux mâles et leur houppette et surtout leur «aboiement» si particulier !).

(Sous-famille des Arctocephalinae / Tropicalis de la tribu des arctocephalus)

 

Pour la reconnaître rien de plus simple, il suffit de chercher les « oreilles » !

Si vous en trouvez, c’est bien une otarie.

Mais ne les cherchez pas de trop près car contrairement aux éléphants de mers qui se déplacent telles de grosses chenilles, celles-ci sauront vous surprendre par leur charge d’intimidation. Et gare à celui qui pourrait se faire mordre. En effet, leur gueule ne comporte pas que des dents bien pointues adaptées à la prédation ! Il y traîne aussi une bactérie qui sans traitement adapté, vous assurerait une septicémie fulgurante.

 

 

Avis donc aux amateurs du 1, 2, 3 Soleil, mieux vaut rester vigilant quand vous traversez la colonie.

 

3. Rappel historique :

 

Et pourquoi le nom vernaculaire de notre otarie à fourrure antarctique est composé de Gazella ?

Et bien cette particularité, elle le doit au SMS Gazelle,

Un bateau ??? Et oui, en fait il s’agit du nom de la corvette allemande qui mena dans l’année 1875 dans l’archipel des Kerguelen la fameuse équipe d’observation du transit de Vénus mais aussi une équipe d’océanographe et une autre de botaniste et de zoologiste !

 

 

 

Cela vous semble plus clair désormais ?

 

Chassée à outrance pour satisfaire un marché mondial avide d’un produit d’une telle qualité, elle ne doit son salut que sur la raréfaction de l’espèce et le faible enjeu économique induit par la chasse des derniers individus …

Les colonies répondaient aux abonnés absents sur la péninsule Courbet dans les années 1950 lors du passage d'Aubert de La Rue. La mission de 1952 en a vu 12 toutes observations cumulées... Aubert de La Rue précise que de 1800 à 1874, 1 200 000 peaux d'otarie ont été exportées des Kerguelen vers ... la Chine. Ce chiffre en dit long sur la véritable boucherie qui a sévi par le passé.

Depuis, l'espèce est protégée et les populations se sont en partie reconstituées : l'est de Courbet abrite plusieurs milliers d'individus qui reviennent année après année se reproduire sur ce bout de terre.

 

4. Identification :

 

DESCRIPTION : Le pelage est brun-grisâtre et s'éclaircit sur la face ventrale. La crinière des mâles monte jusque sur la tête et, chez les individus de couleur plus sombre, elle prend des reflets argentés. Museau pointu où s'insèrent de longues vibrisses (moustaches sensorielles). Présence de pavillons auriculaires ("oreilles").

Femelle :

 

30 à 50 kg / 50cm à 1 m / 15 ans

Mâle :

 

60 à 120 kg / jusqu’à 2m / 25 ans

 

HABITAT : Animal pélagique qui vient se reproduire et muer à terre, surtout sur les côtes herbeuses.

DISTRIBUTION SUR KERGUELEN : On en trouve surtout sur la Péninsule Courbet et aux îles Nuageuses. Cette espèce a été redécouverte en 1933 après être portée disparue consécutivement à une chasse intensive. La recolonisation de Kerguelen est due à la population des Iles Nuageuses épargnée par les massacres. Actuellement, sur l'archipel, on estime à 15 000 le nombre d'individus.

NOURRITURE : Elle est majoritairement constituée de poissons (Myctophidés) et de céphalopodes. Certains mâles peuvent occasionnellement manger un manchots. On la connaît en analysant le contenu de leurs excréments ou bien la composition en acides gras de leur couche de graisse sous cutanée (biopsie). La pêche s'effectue surtout de nuit, à des profondeurs dépassant parfois 200 m.

REPRODUCTION : Les mâles arrivent début septembre pour prendre possession des territoires où ils constitueront leur harem (une dizaine de femelles) au prix de luttes. La mise-bas débute fin novembre. Les femelles sont ensuite fécondées par les mâles. Elles allaitent le jeune pendant 17 semaines d'un lait extrêmement riche en matières grasses. Puis après le sevrage (avril) elles repartent en mer

COMPORTEMENT : Contrairement aux phoques, les otaries peuvent se dresser sur leurs nageoires et courir. Cette attitude ainsi que celle consistant à faire la toilette de leur pelage leur confère une ressemblance marquée avec les mammifères terrestres. Les jeunes, en l'absence de leur mère, font l'apprentissage aquatique et social.

 

 

Et pourquoi encore à Fourrure ?

dans des sortes de piscines (vasque rocheuses remplies d'eau de mer) en jouant avec leurs congénères.

 

Et bien si les éléphants sont si gras, c’est qu’ils utilisent leur masse graisseuse comme isolant contrairement à nos chères otaries qui elles utilisent pour leur thermorégulation non pas une mais deux couches de poils :

  • Un pelage extérieur argenté à brun sombre à la mue continue.
  • Une sous-couche ou poil de bourre tellement dense qu’elle en devient isolante thermiquement et totalement hydrophobe. Imaginez = 40000 poils au cm² !

 

-          Ce sont là les caractéristiques si particulières de cette fourrure qui lui ont presque values son extinction complète à la fin du XIXème siècle. (cf : histoire)

-          La protection est tellement efficace que la seule observation de la position d’une otarie à terre peut vos renseigner sur la température ambiante :

 

  • Fraîche, l’otarie est sur ses nageoires bien calées au chaud sous son ventre

 

 

 

  • Tempérée, elle commence à s’étaler, déployant simplement de part et d’autre ses nageoires en guise d’échangeur thermique,
  • Devenant presque « tiède » (n’exagérons rien, nous sommes tout de même à Kerguelen !), elle se retourne et c’est sur le dos qu’elle agite tels des éventails toutes nageoires confondues (seules parties de l’animal dépourvues de poil et permettant donc un phénomène d’échange cutanée ; elle transpire !)
  • Un peu plus chaude, elle se redresse et en hyper-extension respire bruyamment pour forcer l’échange thermique
  • Encore un peu plus chaud … trop tard elle marsouine déjà dans les eaux bien plus fraîches des mers australes !

Otarie, c’est féminin mais les mâles dans tout ça ?

  • Et bien je crois qu’une photo sera bien plus parlante

 

 

Le programme 109 maintenant !

 

Et bien de mi-décembre 2011 à début avril 2012, Tiphaine Jeanniard Dudot et Jade Vacquie-Garcia ont mené une étude visant à déterminer les zones d’habitats favorables des otaries et les déterminants individuels et comportementaux permettant d’expliquer les différences interindividuelles du succès de pêches des femelles reproductrices (évaluer à partir du taux de croissance des petits, gains de masse des femelles, …)

Bref, un échantillon de femelle reproductrice de pointe Suzanne a donc été équipé de différents enregistreurs pendant toute la période de sevrage de leur nouveau-né et toute une batterie de contrôle a été mise en place afin de suivre l’évolution tant de la mère dans sa zone de pêche que du « puppies » resté à terre.

Pour préparer l’étude, il aura fallu baguer les nouveau-nés. Cette tâche fût réalisée par Nory El Ksabi dans la mesure où les premières naissances débutèrent 15 jours avant l’arrivée du Marion-Dufresne.

En fait sur les 40 témoins demandés, seuls 36 pourront être marqués par la mise en place d’une bague sur chaque nageoire.

 

 

A l’issue de l’étude, les femelles sont déséquipées et la mue se chargera de faire disparaitre les supports des enregistreurs :

 

 

Pour permettre le retrait de ce fameux équipent, il faut toutefois réussir la capture … au filet !

Sauf qu’elles sont malines les bestioles et nous voir arriver avec tout l’attirail du parfait chasseur à papillon se termine bien souvent par une folle course poursuite

 

 

 

Mais quoiqu’il en soit, l’opération la plus délicate reste l’anesthésie gazeuse nécessaire avant toute manipulation … sans filet !

 

 

 

(Souvenez-vous de la petite bactérie qui traîne !)

 

 



13/05/2012
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