Site de Sourcil Noir
Dix jours de Manips à Sourcil Noir
Les départs en « manip » s’orchestrent de deux manières : à pied ou en chaland. Ce bateau « l’aventure 2 » fait les liaisons entre P.AF et les iles à destination des différents sites d’études dans le Golfe du Morbihan et/ou à proximité.
Pour accéder au site de « sourcil noir » il faut, tout d’abord effectuer une traversée du golfe, soit au total 03h00 de navigation. Je mets cette traversée à profit pour prendre un bon bol d’air … salin et parfaire mes connaissances sur le nom des îles (350 !!!) ainsi que sur les différentes espèces animales que nous rencontrons : pétrels géants, pétrel à menton blanc, prions, albatros fuligineux, dauphins de Commerson …
Après quelques déposes de personnels sur différentes îles, nous arrivons au terme de notre navigation, l’anse du Halage.
En face de nous, un bout de terre appelée « green-land » ceinturées de part et d’autre de montagnes. Pour accéder au site de Sourcil noir nous devons, tout d’abord, gravir 200m d’éboulis et de souilles pour atteindre le plateau des « Hurlevents » dont l’appellation n’est pas usurpée !
Puis deux heures de marches sur ce plateau jonché de cailloux de tailles diverses et variées ! Nous laissons la rivière Albéric sur notre droite où des congères nous rappellent que l’hiver n’est pas très loin. L’arrivée au chalet (et non pas cabane) se fait après une grosse descente et un passage à gué de cette même rivière.
Pour cette manip « ornitho » j’accompagne un ancien ornitho Kévin et son remplaçant Thibault pour leur passation de suite. David de la réserve naturelle est de la partie et se réjouit à l’idée d’approcher au plus près ces oiseaux emblématiques. A cette période de l’année les Albatros à Sourcils Noirs (ASN) et les Albatros Fuligineux à Dos Clair (AFDC) couvent leur œuf. Le mâle et la femelle alternent voyages en mer et incubation, en se relayant sur le nid par période de 5 jours environ.
Chaque soir, les « manipeurs » disséminés sur plusieurs sites, doivent établir le contact radio = « La VAC » (vacation). Malheureusement, la cabane de sourcil noir se trouve en fond d’un canyon où les communications radio ne passent pas. Solutions ? Remonter les 200 m du versant sud pour atteindre en 202mn la « cabane bois » de la liaison radio et ce quelque soit les conditions. En cas de réel problème, nous possédons un téléphone satellitaire (Iridium). Je mets ce moment à profit pour aller contempler les colonies d’albatros à sourcil noir et de gorfous macaronis du bord du plateau … exceptionnel spectacle que ce ballet incessant de ces grands voiliers et vacarme oh combien assourdissant des gorfous !!!
Ce sont donc dix jours de travail au beau milieu des colonies d'albatros, de gorfous macaronis et des nids d’albatros fuligineux qui vont se succéder sans répits mais accompagnés d’une grande satisfaction d’être de ceux-là …
Les colonies, situées sur des pentes escarpées, méritent cette approche quelque peu délicate.
Quel bonheur de côtoyer d’aussi près ces espèces convoitées par tant d’ornithologues !
Kevin, Thibaulet David doivent contrôler l’identité des oiseaux dans les différentes colonies d’étude, en vérifiant leur bague en métal (carte d’identité de l’oiseau) et leur bague Darvic (bague en plastique plus fragile mais facilitant l’identification de l’individu). Durant les dix jours de « manip » ils procéderont aux bagages des oiseaux qui ne le sont pas, et au contrôle de la présence ou non de l’œuf. Il leur faudra ensuite repasser quelques jours plus tard pour avoir l’identité du partenaire (en mer au moment du premier passage). Nous avions aussi à compter tous les nids d’albatros à Sourcils Noirs (350), les référencer géographiquement, répéter ces tâches sur les nids d’albatros fuligineux et faire des photos des colonies de Gorfou Macaroni.
Les « manipeurs » également un certain nombre de balises CLS à récupérer et/ou à poser sur les sourcils noirs. Celles récupérées ont été posées il y a un an et apporteront aux spécialistes des labos (celui de Chizé en particulier) divers renseignements tels que les temps de vols, les altitudes, les latitudes, les km parcourus ainsi que leur zone de prospection ! (pour en savoir plus, aller dans l’article consacré à ces oiseaux.)
Nos déplacements au sein des colonies doivent être effectués avec une certaine dextérité. En effet les albatros à sourcils noirs sont sur œuf avec des nids très proches les uns des autres. Les gorfous, quand à eux, se trouvent dans les espaces libres et défendent âprement leur territoire tandis que les Skuas, prédateur par excellence de Kerguelen, survolent sans cesse la colonie en quête d’œuf « libre » !
une fois ces paramètres intégrés, ils nous faut compter, capturer, baguer, piquer (prise de sang), prélever des plumes et … prendre garde de ne se pas se prendre un coup de bec surpuissant « d’ alba » ou un coup d’aileron non moins puissant d’un gorfou macaroni. Pourquoi Macaroni me direz vous ? Regardez bien cette animal et ne me dites qu’il ne vous fait pas penser à l’attitude Italienne telle qu’on la conçoit, non ?
Dans certains nids, nous avons retrouvés des morceaux de plastiques (souvent à l’intérieur des boules de rejets), des fils de pêche avec leur hameçon (provenant des palangres) et parfois ces mêmes hameçons accrochés à l’albatros (cf article).
Le travail sur les albatros fuligineux à dos clairs est plus agréable car leurs nids se trouvent espacés les uns des autres et à l’écart des précédentes colonies. C’est un oiseau d’une beauté incomparable que l’on manipule avec une grande délicatesse. Très craintif, il peut abandonner quelques instants son œuf à notre approche ! Moment tant redouté des ornithologues car les skuas rôdent en permanence et sont d’une efficacité redoutable dans la prédation d’œuf isolé !!! Aucun cas de prédation remarqué pendant notre passage … OUF !
Pour terminer ce séjour de travail en beauté, nous sommes partis au plus près des falaises de l’A Pic afin de compter aux jumelles une colonie de gorfous macaronis situés en contrebas de celles-ci. Ces falaises sont les plus hautes de Kerguelen = 400m d’à pic !!!
